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taient les femmes ; Augustin, en effet, n’était pas résolu à s’arracher aux plaisirs de sa jeunesse, et ses anciennes voluptés le tiraient encore par son vêtement de chair. Il était dans cet état, lorsqu’un jour lui fut racontée l’histoire du rhéteur Victorin, qui avait tout quitté, au faîte de sa gloire et dans un âge bien mûr, pour suivre le Christ. Il se laissa captiver aussi par cette autre histoire de deux officiers de l’empire qui, se promenant aux environs de Trêves, et étant entrés chez des moines, avaient admiré leur vie, et s’étaient décidés à abandonner toutes choses pour vivre avec eux de la vie parfaite. Tous ces récits agitaient l’âme de saint Augustin et l’entraînaient insensiblement vers le christianisme, qu’il avait connu depuis peu de temps par saint Ambroise, et dont les merveilles dépassaient si fort celles qu’avaient racontées Platon et ses disciples. À la suite de la conversation où il avait entendu le récit de la conversion des deux officiers, il éprouva cette agitation décisive[1] dont il nous a laissé l’admirable tableau. Il faut vous le relire, car comment ne pas rappeler cette mémorable journée de la fin d’août 386, où ce grand homme fut arraché à ses erreurs, précipité aux pieds de la vérité, jeté dans le sein de cette doctrine qu’il allait désormais si glorieusement servir ? Je

  1. EXTRAIT DES NOTES DE LA LEÇON.

    Heure décisive. — Qu’eût été Augustin si à cette époque il avait résisté ? Et combien d’autres, irrésolus, flottants, qu’eussent-ils été si un jour ils se fussent rendus ! À partir de ce moment, les yeux d’Augustin s’ouvrent, il connaît Dieu, il entre en communication avec Dieu.