l’amour, il faisait à l’homme un devoir de s’aider à la fois de l’amour et de l’intelligence pour arriver jusqu’à celui qui est souverainement aimable et souverainement intelligible, c’est à-dire jusqu’à Dieu. C’est là la nouveauté de l’éclectisme chrétien et la voie dans laquelle il précipite les Pères l’un après l’autre ; la plupart de ces grands hommes, entraînés dans les débats d’une polémique ardente, n’eurent pas le loisir d’en résumer la pensée, de la réduire en système et de construire une philosophie ; ce travail de la métaphysique chrétienne était réservé à l’un des trois ou quatre grands métaphysiciens que Dieu ait semés dans les temps modernes, je veux dire saint Augustin.
Saint Augustin devait ouvrir les deux routes, inaugurer les deux méthodes de la philosophie du christianisme : la philosophie mystique et la philosophie dogmatique.
Aucune âme plus que la sienne ne fut travaillée de cet amour inquiet d’une vérité invisible, de ce qu’on a si bien appelé la nostalgie céleste, de ce besoin de la patrie éternelle, de laquelle nous sommes venus, et à laquelle nous tendons. Il semble, au premier abord, qu’aucune âme n’ait été jetée sur la terre plus loin de Dieu. Il naît, en 354, sur cette côte d’Afrique, vouée déjà aux derniers désordres, et sur laquelle il ne fallait pas moins que les torrents des Vandales pour laver les souillures dont elle était couverte. Son père n’était pas chrétien, et, ce qui paraissait plus dangereux encore, il destinait Augustin non pas seulement à