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lui ont été manifestées dans l’ombre des mystères, mais qu’il veut contempler de nouveau et face à face, est un besoin irrésistible et impérissable de la nature humaine. Aussi, quelle est la religion vraie ou fausse du sein de laquelle ne soit sortie une philosophie pour la confirmer ou pour la contredire ? Ces deux grandes vérités, Dieu et l’immortalité de l’âme, ces deux vérités à la fois souverainement aimables et souverainement effrayantes, n’ont jamais cessé de poursuivre l’humanité, et par un chemin ou par un autre ont cherché à parvenir jusqu’à elle. De tout temps la philosophie a trouvé deux voies pour atteindre ces idées dont l’attrait la ravissait : l’une de ces voies est l’étude, le raisonnement laborieux qui, à chaque instant, s’arrête pour se rendre compte du pas qu’il a fait ; ce raisonnement méthodique c’est la logique, la science de lier les idées ; d’entasser l’Ossa sur le Pélion pour escalader jusqu’à Dieu ; mais les montagnes sont lourdes à soulever, la dialectique n’est pas un médiocre effort pour l’esprit humain, et souvent son ambitieux édifice s’est écroulé avant qu’il fût seulement à moitié construit. C’est pourquoi l’homme s’est retourné d’un autre côté, et, apercevant qu’à certaines heures il était illuminé par des vérités qu’il n’avait point cherchées, que l’inspiration avait ses instincts et la contemplation ses éclairs, il s’est demandé pourquoi il ne contemplerait pas ; il a cherché alors une autre méthode qui consiste dans l’effort de la volonté, dans la purification du cœur, dans le travail intérieur de l’amour, en un mot, au lieu de la lo-