Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/408

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tianisme : la foi lui avait donné trois siècles de martyrs, et la raison, s’appliquant à l’intelligence du dogme, lui avait donné les Pères. Nous avons vu tout ce qu’il fallut de rectitude, de persévérance, de travail, pour maintenir le dogme chrétien et le préserver de ces deux périls : d’une part, de retourner au paganisme avec les gnostiques et les manichéens ; d’autre part, d’aller se perdre dans la philosophie avec Arius et Pélage.

Ces questions avaient droit de nous retenir, malgré leurs difficultés ; car le cinquième siècle travaille bien moins pour lui-même que pour les âges suivants ; et ici se découvre cette économie admirable dans les lois de la Providence, qui fait que rien n’est perdu dans la famille chrétienne et que chaque génération peut se rendre ce témoignage qu’elle plie, sous le poids du jour et de la chaleur, accablée du fardeau des générations suivantes. L’arianisme n’a pas péri à Nicée ou à Constantinople : banni de l’empire romain, il s’est réfugié chez les barbares où il a fait de rapides progrès ; il reviendra avec ces nuées de Goths, d’Alains, de Suèves, de Vandales, qui vont fondre sur l’empire encore cent ans, et il sera maître en Italie, dans la Gaule méridionale, en Espagne, sur les côtes d’Afrique ; et le plus grand des princes ariens, Théodoric, semblera suscité pour fonder, avec un nouvel empire, le règne de la civilisation arienne, qui s’écroulera bientôt après cependant sous le souffle providentiel qui va passer. Derrière ces ariens il en existe d’autres : les musulmans, qui professent une sorte d’arianisme