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gianisme. Voilà pourquoi la postérité l’appelle le Docteur de la grâce.

Argumentation de saint Augustin : 1o l’argumentation de la prescription : « Moi-même, quoique j’aie beaucoup moins lu que Jérôme, je ne me souviens pas d’avoir jamais entendu des chrétiens exprimer un sentiment contraire, non-seulement dans l’Église, mais dans quelque hérésie, dans quelque schisme que ce soit. Je ne me souviens pas d’avoir lu autre chose dans ceux qui suivaient les écritures canoniques, qui pensaient ou qui voulaient les suivre. Je ne sais donc pas d’où a pu sortir tout à coup cette erreur. Et voilà qu’aujourd’hui on la défend avec chaleur contre l’Église ; voilà qu’on en compose des écrits ; voilà qu’elle est devenue un sujet de discussion, à tel point que nos frères nous consultent, et que nous sommes forcé de disputer et d’écrire. » (De Peccator, merit. et remiss.)

Puis abordant le fond de la discussion : « Mon frère, il est bon de vous souvenir que vous êtes chrétien !… Ne pensons pas que le péché ne puisse pas vicier la nature humaine ; mais sachant par les divines Écritures que la nature est corrompue, cherchons comment elle l’est. Nous savons que le péché n’est pas une substance, mais l’abstinence de nourriture n’est pas non plus une substance, et cependant le corps privé de nourriture languit, s’épuise, de telle sorte que cet état prolongé lui permettrait à peine de revenir aux aliments dont la privation l’a si profon-