cer les croisades et délivrer le tombeau du Christ qu’il se désespérait de voir rendu à l’oppression des mahométans.
Le principe logique de tout ce que le moyen âge fera de grand sera la foi, le besoin de croire, cette puissance que l’homme trouve en lui-même quand il croit ; car, prenez-y garde, ce n’est qu’à la condition de croire que l’homme peut arriver à aimer ; la théologie n’est si puissante que parce qu’elle est, en même temps, principe de foi et d’amour. En effet, l’homme n’aime que ce qu’il croit ; il n’aime pas ce qu’il comprend, il n’aime qu’à la condition de ne pas comprendre ; ce qui se laisse voir jusqu’au fond, ce qui se voit comme une vérité mathématique inspire peu d’amour au cœur. Qui a jamais été épris d’un axiome, d’une vérité qui ne laisse plus rien à chercher ? Dans l’amour il y a quelque chose de plus puissant que tout le reste : l’inconnu ; rien n’attire l’homme comme le mystère. Au contraire, ne nous lassons-nous pas de ce que nous connaissons ? Combien d’hommes illustres, de savants, d’astronomes, après avoir passé une longue vie dans leurs travaux, ont fini par se fatiguer de ce qu’ils savaient et ont fait comme Newton, qui, las de mathématiques, s’efforçait d’expliquer l’Apocalypse, attiré par ce qu’il ne comprenait pas. Le secret de l’amour, c’est le mystère, et dans l’amour il y a de la foi. Je ne m’étonne pas que le moyen âge ait fait de si grandes choses quand je vois qu’il a cru ; je m’en étonne encore moins quand je vois qu’il a aimé. C’est cette puissance qui inspira saint Fran-