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grossiers que l’Orient vomissait de toutes parts, pour arriver jusqu’à ce moyen âge où toute civilisation chrétienne ne sera que le développement de la théologie ; et voilà ce qui me donnait le droit de vous en parler longuement aujourd’hui.

Le caractère de ces siècles barbares du moyen âge, le caractère le plus saillant et celui cependant dont on se doute le moins, c’est d’être souverainement logique ; c’est pour cela que le moyen âge fut si épris de syllogismes, de raisonnements ; c’est une époque où un principe n’est jamais posé sans qu’on cherche à en déduire les conséquences ; un grand événement ne se réalise pas sans que tous les esprits ne s’agitent pour en trouver le principe. De là tous les grands efforts, toutes les grandes actions du moyen âge. Ce sera la théologie qui fera non-seulement l’admirable développement intellectuel du treizième siècle, les beaux génies de saint Thomas d’Aquin et de saint Bonaventure, mais les croisades, la lutte du sacerdoce et de l’empire, le règne de saint Louis, les constitutions des républiques italiennes. Elle présidera à tous les grands mouvements politiques du moyen âge, pénétrera dans les universités et jusque dans les ateliers des peintres et dans les chants des poëtes ; mais elle ira plus loin, elle ouvrira les champs des mers, féconds en périls et en orages, au génie de Christophe Colomb, qui n’a mis le pied sur son vaisseau que sur la foi d’un passage de l’Écriture interprété à sa manière, allant par l’Occident et par l’Atlantique chercher un autre chemin pour recommen-