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mais ces luttes, cette activité, inspirèrent le monde chrétien, le formèrent et firent éclater son génie[1]. Je ne vous parlerai pas de ces innombrables conciles forçant les hommes à s’occuper des difficultés les plus délicates que puissent présenter les problèmes de la métaphysique chrétienne, contraignant les esprits à sortir de leur torpeur pour se précipiter dans ces querelles fécondes où ils étaient appelés à faire preuve d’habileté, à manier toutes les ressources de la dialectique ; je ne parlerai pas de ce prodigieux travail d’esprit qui devait enfanter un jour la science moderne ; ce qu’il m’importe de constater, c’est que le christianisme, en repoussant ces deux erreurs, repoussait en même temps l’idée d’être une philosophie, pour rester ce qu’il s’était annoncé : une religion. Lactance l’avait résumé dans une phrase mémorable : « Le christianisme ne peut pas être une philosophie sans religion, ni une religion sans philosophie. » Le christianisme, c’est un dogme, et par conséquent plus qu’une opinion, mais c’est un dogme souverainement raisonnable. En effet, si le pélagianisme et l’arianisme eussent triomphé, si le christianisme était devenu une philosophie, voici les conséquences : d’un côté, Arius supprimait les rap-

  1. EXTRAIT DES NOTES DE LA LEÇON.

    En écrivant contre les ariens et les pélagiens, saint Augustin faisait encore l’œuvre de l’avenir : en rompant le rapport du Christ avec Dieu, du Christ avec Thomas, en supprimant les mystères, ces doctrines supprimaient la foi. On les jugea par leurs fruits. — Les barbares ariens : — toutes leurs monarchies périssent. Il fallait la foi pour régénérer le monde, que la raison n’avait pas sauvé