nies ; elle n’est plus qu’un enseignement, qu’un exemple donné par un homme appelé Jésus que l’inspiration divine avait visité, par un prophète, par un sage, par un homme plus éclairé que les autres. L’arianisme aboutissait ainsi à un déisme savant, empreint de quelques sentiments religieux, mais faisant disparaître toute trace de mystères et par conséquent supprimant la foi.
En même temps la doctrine de Zénon se faisait de nombreux partisans. Cette morale stoïcienne, si sévère, si digne, cette morale qui mordait la chair, devait séduire, fasciner les esprits mâles, fermes, portés à l’austérité, les esprits de ces hommes qui fuyaient le monde pour se réfugier dans les déserts de la Thébaïde et réduisaient leur chair en servitude. Aussi il ne faut pas s’étonner de voir saint Nil mettre le manuel d’Épictète entre les mains de ses anachorètes, Évagre de Pont tomber dans l’hérésie par attachement au système de Zénon. Ce système exaltait la nature humaine, qui n’était autre que Dieu même ; de là suivait que les hommes ne devaient avoir d’autre règle de vie que les lois de la nature et de la raison ; enfin que par là l’homme pouvait s’élever aussi haut que Dieu, plus haut que Dieu ; « car, disait Sénèque, quelle différence y a-t-il entre le sage et Jupiter ? Jupiter ne peut rien de plus que l’homme de bien ; le seul avantage qu’il ait sur lui, c’est d’être bon plus longtemps ; mais la vertu n’est pas plus grande pour durer davantage. Le sage méprise les biens terrestres autant que Jupiter,