Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/393

Cette page a été validée par deux contributeurs.

philosophiques, s’attacha à établir que Dieu avait tout créé par l’intermédiaire d’une idée parfaite, archétype, où se réfléchissait toute la loi de la création ; cette idée se personnifie dans la sagesse de Salomon, verbe des écritures sacrées ; Philon ajoute que Dieu ne pouvait pas agir directement sur la matière, parce qu’elle était trop mauvaise, trop faible pour lui ; il avait créé ce Verbe avant le monde, afin qu’il servît d’intermédiaire entre sa volonté toute divine et ce monde imparfait et impur. De là l’infériorité du Verbe comparé à Dieu ; au-dessous de ce Verbe se produisait une série d’émanations qu’il nommait tantôt idées, tantôt anges (ἂγγελοι) en faisant ainsi des personnalités distinctes.

Cette doctrine inspirera plus tard celle des commentateurs alexandrins, Numénius, et Plotin, qui ébauche un système de trinité formé de l’unité (τὸ ἓν), de l’intelligence absolue (νοῦς), et de l’âme du monde (ψυχὴ τοῦ παντός ), Ainsi s’était formée une sorte de trinité qui, bien loin d’avoir inspiré l’idée de la trinité chrétienne, ne paraît, ne se précise, qu’à mesure que le christianisme a promulgué ses dogmes et fait connaître ses mystères ; c’est sur ces mystères que la philosophie se modèle et dessine sa trinité. Mais il devait arriver qu’un certain nombre d’esprits se méprendraient en comparant les deux dogmes : ce devaient être d’abord les esprits philosophiques, épris de la sagesse ancienne et des doctrines de Platon, nourris de Plotin, imbus des spéculations d’Alexandrie, ces esprits dont Tertullien se défiait en bannissant la philosophie et les lettres païen-