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étais qui le chargeaient en le soutenant, et paraître enfin, dans sa liberté, le monument de la poésie italienne avec le même signe sacré que l’obélisque de Saint-Pierre et avec la même inscription… »


Voilà comment la Providence s’y prend, afin d’entretenir l’activité de l’esprit humain. Ses moyens sont simples : il lui suffit d’un petit nombre de questions qu’elle ne laisse pas périr et qui reviennent toujours, Quand l’hiver commence, il semble que toute la végétation va périr, le vent balaye fleurs et feuilles ; mais il se conserve quelque chose de petit, d’inaperçu, de sec et de poudreux : ce sont des graines, et toute la vie végétale y est renfermée. La Providence en prend soin, elle leur donne une écorce qui les protége contre la saison mauvaise ; quelques-unes ont comme des ailes pour voyager dans l’air, la tempête les emporte, les eaux les entraînent jusqu’à ce qu’elles aient trouvé la terre et le rayon de soleil qu’il leur faut pour refleurir. Ainsi, quand viennent les siècles barbares, les mauvaises saisons de l’humanité, on voit se flétrir toutes ces fleurs de la poésie et de l’éloquence : il semble que toute la végétation de la pensée va périr. Elle se réfugie cependant dans ces questions qui semblent petites, sèches et arides : la Providence en prend soin, elles traversent ainsi trois ou quatre cents ans : la parole les emporte dans des