rue ; les plantes étaient sacrées, et celui qui les tranchait avec la faucille, criminel. Ce système était encore la destruction de la famille, puisque le mariage était flétri, et que le plus grand de tous les crimes était de donner des fils à l’État et des rejetons à l’Église manichéenne. Cette doctrine renfermait la ruine de toute la nature humaine, bien davantage encore par celles de ses conséquences qu’elle n’avouait pas, mais qui en résultaient forcément : car comment éteindre les passions humaines ? Il avait fallu en venir à des doctrines inexprimables, qu’on ne peut pas définir ici, pour établir une distinction entre ce que la nature exigeait et ce que la loi défendait, entre les jouissances condamnées et les plaisirs tolérés, et de là un débordement de mœurs dont tous les témoignages contemporains attestent l’effrayante réalité.
C’est assez pour montrer quelle profonde empreinte de paganisme portait avec elle l’erreur manichéenne. Mais, en la considérant de plus près, en se rappelant l’origine, la patrie et les aventures de celui qui, le premier, l’avait produite, il est facile d’y apercevoir les traces du dualisme persan, cette opposition d’Ormuzd et d’Ahriman, ce monde de la lumière et ce monde des ténèbres qui se livrent un combat perpétuel sur leurs frontières respectives. Tel était le fond de la religion de Zoroastre : entre ces deux principes, il y avait un principe médiateur qui s’appelle Mithra, dont le culte, transporté en Occident, avait rencontré une si étrange popularité, qu’à Rome Commode osa lui immoler un