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sont en puissance des démons ; incorrigibles, elles ne doivent pas espérer d’immortalité future. Quant aux âmes placées entre ces deux extrémités, et qui font effort pour revenir à Dieu, elles ont à traverser une suite d’existences, soit dans d’autres hommes soit dans des animaux ou même dans des plantes, avant de se réunir à lui : c’est le dogme de la métempsycose. Voilà la loi de l’univers telle que les manichéens la conçoivent : elle n’a pas d’autre but que de réunir toutes les parcelles dispersées de la puissance divine, afin de les ramener à leur source, et l’âme qui a triomphé de tous les obstacles, arrivée à la fin de la vie, est transportée dans des régions lumineuses où elle comparaît devant la puissance supérieure.

Les manichéens réduisaient toute leur morale à trois sceaux : le sceau des lèvres, le sceau des mains et sceau de la poitrine. Le sceau des lèvres avait pour but de les fermer au blasphème, mais surtout aussi de les fermer à toute nourriture animale : l’usage de la chair était interdit comme une corruption, une œuvre de Satan, qui ne pouvait, par sa nature, qu’appesantir les parties divines qui sont en nous, et les enchaîner à la terre. Le sceau des mains avait pour but la défense de tuer les animaux par le motif que je viens de dire, et aussi de cueillir les plantes, plus pures que les animaux, regardées comme autant de soupiraux par lesquels les parfums, les exhalaisons de la terre se répandaient et s’élevaient vers le ciel afin de ramener, dans leurs légers nuages, les parties divines qui voulaient