Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/383

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’un astre[1]. Les puissances des ténèbres aperçurent un jour la splendeur de Dieu, et, touchées de la beauté de ces champs de lumière, elles en entreprirent la conquête. Alors Dieu, auteur du bien, suscita, pour défendre les frontières de son royaume, une émanation nouvelle, l’âme du monde. Elle alla se placer aux limites extrêmes de la lumière et de la nuit ; là, elle fut assaillie par les puissances des ténèbres, et, ne pouvant leur résister, fut mise en pièces[2] Pour aller au secours de l’âme du monde livrée aux fureurs des puissances ténébreuses, Dieu envoya son esprit ; il vint, et, ayant trouvé l’âme du monde en débris, il prit chacun de ces membres de l’homme primitif et en fit le monde. Il choisit ce qu’il y avait de plus lumineux, de plus spirituel, son âme, pour en faire le soleil, la lune et les étoiles ; les principes aériens, quoique matériels, pour faire l’air et les êtres qui ont une origine plus pure ; enfin, des éléments entièrement matériels, il fit les parties animales et sensibles de ce monde. Mais tout ce qui est animal est sous l’empire des puissances des ténèbres auxquelles la matière appartient. Il s’ensuit que l’âme du monde, ainsi dispersée dans toutes les parties de la terre, dans chacun des atomes du monde visible, se trouve emprisonnée dans une sorte de captivité ; l’essence divine, répandue partout, a donc à lutter contre ces entraves dans lesquelles elle se trouve

  1. S. Augustin, de vera Religione, c. XCVI.
  2. S. Augustin, de Agone christiano, lib. I, c. IV — Id., de Moribus manichærum l. II, passim.