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Huns, les Alains, les Goths, jusqu’aux bords du Rhin et au delà de Pyrénées, ainsi le paganisme faisait les derniers efforts et cherchait à pénétrer dans la foi chrétienne.

Il s’y introduisit par les sectes gnostiques. Gnose désigne une science supérieure, réservée à un petit nombre d’esprits choisis, une initiation. C’est un des premiers caractères du paganisme de diviser le genre humain, de se refuser à reconnaître l’égalité primitive, de faire des races d’hommes sorties de la tête d’un Dieu, tandis que les autres sont sorties de l’estomac, des jambes ou des pieds, et de mesurer d’une main avare, inégale et jalouse la lumière comme la justice. La gnose a encore du paganisme cet autre principe de confondre la création avec la créature, de les réunir en une même substance, quels que soient ensuite les moyens par lesquels elle cherche à expliquer le commencement des choses ; elle nous représente Dieu comme un plérome, une plénitude d’existence qui déborde, un vase trop plein qui laisse retomber sa surabondance dans une multitude d’émanations : ce sont d’abord les éons, essences presque divines qui se succèdent, comme en descendant une échelle d’existences successives, jusqu’aux rangs les plus infimes de la création. Ces émanations divines, qui ont ainsi comme une migration perpétuelle à accomplir, prennent des noms, se divisent en dieux et déesses, deviennent par conséquent des personnifications mythologiques, et la gnose nous racontera longuement les aventures de Sophia, la sagesse