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est conservée en partie par le christianisme, qui recueille tout ce qu’il y avait en elle de grand, d’équitable, de généreux, de bienfaisant ; mais en même temps et malgré le christianisme, se perpétue dans les traditions littéraires la mythologie, que l’Église avait avec raison proscrite ; dans la religion se perpétue l’élément superstitieux qui vient donner la main au paganisme de l’antiquité ; dans les lois, tous les principes d’une fiscalité odieuse qui maintient la tyrannie politique, le divorce qui entraîne avec lui la tyrannie domestique, et la confusion du sacerdoce et de l’empire qui va engendrer les luttes sanglantes du moyen âge.

L’Église sauve la tradition littéraire ; mais, malgré elle, se conserve le panthéisme mythologique, tous ces sentiments voluptueux et charnels qui reparaîtront et éclateront de nouveau dans les moments de désordre et d’anarchie intellectuelle. En un mot, l’antiquité transmit non-seulement les lumières, mais les vices aux temps barbares, et, lorsque vous serez tentés d’accuser vos ancêtres, de leur reprocher leur barbarie, dites seulement que c’étaient bien là les héritiers des raffinements de la décadence, car il y a une analogie singulière entre les vices des décadences et les vices de la barbarie, et, la faiblesse des vieillards se rapprochant de la faiblesse des enfants, il arrive un moment où l’on ne sait pas si l’on a affaire à un peuple qui vieillit ou à un peuple qui naît.

On a voulu séparer pour toujours les temps anciens et les temps modernes ; en 476 on ouvre un abîme et