Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/357

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mondes. Saint Augustin ne se dissimule pas les objections qu’on va lui faire ; il sait qu’on va lui dire qu’il déshonore la science sacrée et que l’homme doit tout attendre de la foi ; mais il répond avec une admirable supériorité : Dieu aurait pu se servir du ministère des anges ; mais il a voulu honorer l’humanité en rendant ses oracles dans un temple humain. La charité même périrait si les hommes n’avaient rien à apprendre des hommes, ni les âmes à verser leur trop plein sur d’autres âmes.

«Si donc ceux qu’on nomme les philosophes, et sur-tout les platoniciens, ont des doctrines vraies et qui s’accordent avec la foi ; non-seulement il ne faut point en prendre ombrage, mais il faut les revendiquer comme sur d’injustes possesseurs. Car, de même que les Égyptiens n’avaient pas seulement des idoles que le peuple d’Israël devait fuir et détester, mais des vases et des ornements d’or et d’argent, et des vêtements que ce peuple emporta dans sa fuite, ainsi les sciences des gentils ne se composent pas seulement de fictions superstitieuses que le chrétien doit tenir en horreur, mais on y trouve les arts libéraux qui peuvent se prêter au service de la vérité, et de sages préceptes de morale comme autant d’or et d’argent qu’ils n’ont point créé, mais tiré pour ainsi dire des mines de la Providence, distribué par toute la terre, et que le chrétien a droit d’emporter avec lui quand il se sépare de leur société. »

La question était résolue et la dispute finie pour bien