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ce que saint Augustin répète à chaque instant dans l’Église, non pas seulement au commencement de sa conversion, mais lorsqu’il écrit ses Confessions, lorsqu’il est devenu le grand docteur de l’Occident ; à toutes les pages de la Cité de Dieu, il parle avec respect des platoniciens, et il finit par cette belle parole : « J’aurais pardonné aux païens si, au lieu d’élever un temple à Cybèle, ils eussent dressé un sanctuaire à Platon où on lirait ses livres. »

En ouvrant ainsi les portes à la philosophie, comment les aurait-on fermées au reste des connaissances humaines ? Aussi, dans le beau livre de l’Ordre, saint Augustin trace le plan d’une éducation chrétienne ; et, selon cette loi immuable en Dieu, qui se transcrit pour ainsi dire dans les âmes des sages, il fait deux parts : la discipline de la vie et la discipline de la science. La première procède de l’autorité, la seconde de la raison.

« La raison est un effort de l’âme capable de nous mener jusqu’à nous-mêmes et jusqu’à Dieu si elle n’était arrêtée par les préoccupations des sens. La raison cherche d’abord le commerce des hommes en qui la raison réside : de là les lettres et la grammaire, qui embrasse tout ce que les lettres transmettent à la mémoire des hommes, l’histoire par conséquent. — Puis, se repliant sur ce travail, la raison se rend compte des définitions, des règles, des divisions qu’elle a produites, c’est la dialectique, — et celle-ci ne suffisant pas pour persuader, la rhétorique s’y ajoute. — Arrivée aux hommes, la raison veut aller à Dieu et cherche des degrés pour