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après l’Évangile, et, quand nous croyons, nous ne cherchons plus[1]. »

Ce langage est fier, superbe et près du châtiment des superbes, près de l’erreur, près de la chute, et c’est ce que nous allons voir bientôt. Ces doctrines seront, jusqu’à un certain point, celles de Lactance, qui les reproduit, en se contredisant, et finit par faire à la philosophie une certaine part. Ce n’est pas seulement un petit nombre de rhéteurs chrétiens des troisième, quatrième et cinquième siècles qui parleront ainsi : dans tous les âges qui suivront, ils trouveront des disciples et des imitateurs ; au moyen âge, dans les écoles mystiques dont quelques-unes iront aux derniers excès contre la raison humaine ; au dix-septième siècle, dans la personne de Huet, qui consacre ses ouvrages à établir une espèce de scepticisme inévitable, et dans la personne même de ce glorieux Pascal. Enfin, cette école compte encore des élèves de nos jours, elle ne s’est jamais fermée ; la thèse qu’elle a adoptée n’a pas cessé de trouver des défenseurs ; il s’en est trouvé dans tous les temps, dans tous les siècles, qui jettent le gant à la raison humaine et s’efforcent d’y produire un pyrrhonisme artificiel, une sorte de doute systématique et de renverser tous les ouvrages de l’esprit humain afin de faire une part plus libre, plus vaste à la foi.

Ils ont contre eux les traditions générales de l’Église, les grands hommes qui ont fait la gloire du christia-

  1. Tertull., de Præscriptione hæreticorum, c. VIII.