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commence à Hermias chez les Grecs, mais qui continue surtout chez les Latins, dont l’esprit est pratique plus que spéculatif, chez lesquels les lettres avaient toujours été un peu étrangères, qui étaient plus à leurs affaires qu’aux doctrines, à ce point que Cicéron était obligé d’excuser ses travaux philosophiques et de montrer, ou du moins de feindre le plus profond mépris pour les subtilités grecques. Aussi, à la suite d’Hermias, qui s’applique à montrer la contradiction des écoles, nous trouvons Tertullien, Arnobe et Lactance, qui vont repousser tout accord entre la religion et les lettres, renier même les services de la dialectique. Tertullien prend en pitié Aristote, architecte de cet art qui apprend à construire et à détruire, de cette logique épineuse dans ses argumentations, source de controverses éternelles, qui ne sert qu’à diviser les hommes, qui revient sans cesse sur chaque question comme si elle était mécontente d’en avoir fini. Tertullien s’indigne de tous les efforts de quelques-uns de ses contemporains pour accorder le christianisme avec la philosophie : « Quoi de commun, s’écrie-t-il, entre Athènes et Jérusalem, entre l’Académie et l’Église, entre les hérétiques et les chrétiens ? Notre doctrine vient du Portique, mais du Portique de Salomon, qui nous apprend à chercher Dieu dans la simplicité du cœur ! Qu’ils s’accordent donc avec lui, ceux qui veulent nous faire un christianisme stoïcien, un christianisme platonicien, un christianisme dialectique. Pour nous, nous n’avons pas besoin de science après le Christ, ni d’études