fond de toutes ces écoles, qui recommençaient sans cesse à chercher Dieu et l’âme, apparemment parce qu’elles n’avaient encore trouvé ni Dieu, ni l’âme. Selon moi, c’est là la gloire du christianisme de n’avoir plus voulu qu’on cherchât Dieu et l’âme ; le christianisme s’était donné au monde bien plus que le monde ne s’était donné à lui. Il ne permet plus qu’on retienne les générations loin de la lumière, il leur dit : « Le Christ est ici, n’allez pas plus loin. » En ôtant à l’homme cette incertitude, le christianisme lui rend sa liberté, brise la chaîne qui le retenait captif et l’empêchait de porter ses investigations, d’appliquer son ambitieuse ardeur jusqu’aux dernières limites du fini et de l’infini.
Cependant, en présence de cette école qui devait durer quatorze siècles, une autre se formait, moins nombreuse, moins considérable, mais qui ne devait pas durer moins. Cette autre école, frappée du péril, trouve plus facile de retrancher les lettres que de les émonder ; jugeant la philosophie dangereuse, elle la déclare impuissante, et veut réduire l’homme à la foi par le désespoir de la raison ; elle trouve la philosophie dangereuse chez les gnostiques, et elle a bien raison ; elle la trouve dangereuse chez les épicuriens et chez les stoïciens, et ce jugement n’a rien d’injuste. En présence de ce danger, elle forme la résolution d’en dégoûter les hommes ; elle la montre incapable de toutes choses, elle fait ressortir ses contradictions éternelles pour mieux constater son impuissance ; c’est à cette œuvre que va se consacrer toute cette suite d’apologistes qui