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gesse, son courage, sa vertu, l’enveloppent comme d’un manteau, et, lorsqu’il paraît ensuite dans l’assemblée des Phéaciens, il les confond tous par la supériorité de son courage et par l’aspect d’un héros, tout meurtri de batailles et de naufrages, de sorte que de tous ces Phéaciens il n’en est pas un qui ne voulût être Ulysse et Ulysse naufragé. C’est ainsi que l’évêque chrétien pénètre dans ce qu’il y a de plus mystérieux et de plus fort dans la poésie d’Homère pour en exprimer tout le miel qu’elle renferme. Il se plaît ensuite à parcourir les autres poëtes de l’antiquité, Hésiode, Théognis, Euripide, Platon, et à répéter tout ce qu’il y a dans leurs œuvres de glorieux pour l’esprit humain ; car il n’est pas de ceux qui sont avides de nier la vertu des anciens : saint Basile n’a aucune peur des vertus païennes ; il cite avec joie, avec fierté, les exemples d’Aristide, de Thémistocle et de tous les autres, car il sait que le christianisme n’a rien à craindre de la comparaison.

Ainsi l’Église grecque accepte les lettres, mais avec partage ; elle les admet comme préparation au christianisme et comme démonstration du christianisme ; comme préparation, car la philosophie a servi de pédagogue au monde ancien, et il fallait, pour parler comme saint Basile, teindre dans les connaissances de l’antiquité toutes ces jeunes âmes, qui aspiraient au christianisme, pour les tremper ensuite dans la pourpre de la foi. En second lieu, la philosophie était pour eux un moyen de démonstration, parce que la foi maîtresse agira d’elle-même sur l’intelligence qui cherche