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ces connaissances du dehors, et ensuite nous écouterons l’enseignement sacré des mystères… Et comme encore la vertu propre des arbres est de porter leurs fruits dans la saison, et que cependant ils se parent de fleurs et de rameaux verts, de même la vérité sacrée est le fruit de l’âme, mais il y a quelque grâce à la revêtir d’une sagesse étrangère, comme d’un feuillage qui abrite le fruit, et lui prête le charme de sa verdure[1]. » Et, appliquant ces maximes, il considère ce qu’on peut recevoir et adopter de la sagesse des anciens, et ce qu’il faut, au contraire, repousser loin de soi ; ce qu’il faut fuir dans les poëtes, ce sont les peintures du vice, c’est ce qu’ils enseignent de la nature des faux dieux, les sentiments voluptueux, trop souvent l’âme de leurs poëmes, c’est ce paganisme farouche qui ne connaît plus ni sœur, ni mère, ni charité ; mais il faut savoir, en même temps, démêler et retenir tout ce qui inspire de la vertu ; il faut savoir reconnaître Homère bien moins encore comme le fabuleux narrateur des amours des dieux que comme l’oracle savant qui, sous des formes allégoriques, a su envelopper les doctrines les plus sages que l’antiquité ait entendues ; car Ulysse, qu’est-il autre chose que le symbole de la vertu ? Et quoi de plus beau que le spectacle de cet homme qui arrive tout nu sur le rivage des Phéaciens et sur lequel la jeune princesse, fille d’Alcinoüs, n’ose lever les yeux qu’avec respect ? mais sa sa-

  1. S. Basil., Ad adolescentes, quomodo possint ex Gentilium libris fructum capere, c. IV.