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À Antioche, à Césarée, à Nisibe, à Édesse, nous voyons, à la même époque, s’élever de grandes écoles théologiques dans lesquelles on s’efforce d’éclairer les obscurités de la philosophie ancienne à la lumière du christianisme, et réciproquement, d’entourer les mystères chrétiens de toutes les lumières légitimes de la raison humaine. C’est ce grand travail dont saint Clément d’Alexandrie nous donne l’exemple dans ses trois ouvrages : l’Exhortation aux Grecs, le Pédagogue et les Stromates. Ce n’est pas le lieu d’examiner ici ces trois admirables livres, mais nous en recueillerons les principales pensées. Saint Clément d’Alexandrie veut que la philosophie elle-même, que la science profane soit asservie à la foi, il lui prédit une sorte de servage comme Agar à Sara ; mais, en même temps, il veut que la servante soit traitée comme sœur, et voici en quels termes il s’en explique : « Non, la philosophie ne nuit point à la vie chrétienne, et ceux-là l’ont calomniée qui l’ont représentée comme une ouvrière de fausseté et de mauvaises mœurs, quand elle est la lumière, une image de la vérité, un don que Dieu a fait aux Grecs, et qui, loin de nous arracher à la foi par un vain prestige, nous donne un rempart de plus, et devient pour nous comme une science sœur qui ajoute à la démonstration de la foi…. Car la philosophie fut le pédagogue des Grecs comme la loi fut le pédagogue des Hébreux, pour conduire les uns et les autres au Christ[1]. »

  1. Clém. Alex., Stromat., l. I, 5,6.