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d’études approfondies. La doctrine de saint Thomas, le mysticisme de saint Bonaventure, sont exposés par cet esprit qui traitait les matières philosophiques avec autant de force qu’il apportait de goût dans les appréciations littéraires.

J’extrais quelques fragments rédigés des notes de ses cours sur l’Italie, comme je l’ai fait pour ses cours sur l’Allemagne ; ces fragments se détachent parmi les notes comme des figures terminées avant le reste, dans l’esquisse d’un maître. Le premier, à propos de la décadence des républiques italiennes, respire une mâle tristesse.


« L’histoire des décadences est triste, elle n’a pas coutume d’attacher les esprits : elle est cependant pleine d’enseignements nécessaires. De même que les médecins, penchés sur le lit des malades ou sur la couche funèbre des morts, y apprennent les secrets de la vie ; de même il faut que le spectacle des sociétés qui périssent instruise les nations qui veulent durer. Pour connaître ce que vaut la liberté, il ne suffit pas de savoir ce qu’elle coûte et à quel prix les peuples l’acquièrent ; il faut savoir à quel prix ils peuvent la conserver, et comment la Providence, afin d’en faire le plus précieux des biens terrestres, a voulu qu’il fût aussi le plus facile à perdre. Si ce spectacle a son utilité, il a bien aussi son attrait, et