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l’antiquité avait connu Dieu, que les œuvres de Dieu, manifestées à l’homme, avaient suffi pour lui faire connaître son Créateur, et que le crime des philosophes ne fut pas d’ignorer, mais de cacher la vérité, de la retenir captive, de bien se garder de la faire paraître au dehors pour ne point subir le sort d’Anaxagore et de Socrate ; de n’avoir rien osé, d’avoir reculé, abandonnant la vérité qu’ils devaient servir. De là deux principes également proposés par saint Paul, et également maintenus par le christianisme : il reconnaît l’insuffisance de la raison et la puissance de la raison ; le danger des lettres et l’utilité des lettres, deux principes qui s’accordent, mais qui devaient s’isoler et inspirer diversement deux écoles différentes.

Cependant il semble que l’accord voulu par l’apôtre a été compris : l’Orient tout illuminé des lumières d’Alexandrie, la Grèce enchantée des paroles qui ont retenti dans Athènes, ces peuples spéculatifs occupés du beau et du vrai ne peuvent pas se résoudre à se laisser arracher l’héritage de tant de chefs-d’œuvre, de tant de merveilles, de cet enseignement qu’ils ont reçu de leurs ancêtres. Aussi on voit de bonne heure les efforts se combiner pour rapprocher la foi et la science, pour conclure la paix et une paix durable entre ces deux rivales ; et c’est là le motif qui préside à la fondation de l’école catéchétique d’Alexandrie qui paraît remonter au temps des apôtres, bien qu’un des premiers maîtres connus soit saint Pantène, qui vivait au second siècle.