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écrase la science humaine. C’est la parole de saint Paul qui fait gloire au christianisme d’avoir été réputé folie par les Grecs ; il se plaît à son tour à confondre cette sagesse orgueilleuse de la Grèce, il se félicite de ce que le christianisme n’ait eu pour lui qu’un petit nombre de sages, et ait choisi de préférence les ignorants, les petits, ceux qui n’étaient rien, afin de confondre par eux les savants et les puissants. Ce n’est pas avec des paroles apprises dans des écoles d’éloquence, chez les philosophes dont il les engage à se défier, que leur parle l’apôtre, et il a raison ; car Cicéron lui-même a dit qu’il fallait s’en défier, que la philosophie est l’ornement de l’esprit humain, mais qu’il faut prendre garde d’y chercher la règle des mœurs, qu’il est un guide plus fort et plus sûr, l’usage, mos majorum, et qu’il n’y a pas d’erreur qui n’ait été enseignée par les philosophes. L’apôtre a encore raison lorsque nous voyons la philosophie pénétrer dans le christianisme avec les gnostiques qui le réduisent à n’être plus qu’une mythologie, qui opposent sans cesse le monde de la matière au monde de l’esprit qu’ils font éternels tous les deux, renouvelant toutes les erreurs du panthéisme et du dualisme oriental. Il y a là une partie de la vérité, mais ce n’est pas la vérité tout entière : le christianisme avait aussi enseigné que le Verbe est la lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde : comment fouler aux pieds la raison, après lui avoir donné cette divine origine ? Aussi saint Paul ne manquait pas de dire que la philosophie de