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Matthieu. » Cette persécution, que le christianisme trouva la plus odieuse de toutes celles qu’il eut à subir, atteste quel était le nombre des maîtres chrétiens, car on voit de toutes parts s’élever des protestations éclatantes. Les uns fermaient leurs écoles, les autres les maintenaient et cherchaient à éluder les rigueurs de la loi nouvelle.

Cependant le temps arrivait où ces résistances devenaient inutiles, où tout cédait à la force dominatrice du christianisme, où les derniers rhéteurs allaient être obligés de se rendre. Lisez l’histoire de Victorin.

« Victorin était Africain et enseignait à Rome la rhétorique depuis longtemps ; il avait vu entre ses disciples les plus illustres sénateurs, et on lui avait érigé pour son mérite une statue dans le forum de Trajan : mais il était demeuré idolâtre jusques à la vieillesse. À la fin, il se convertit. Il lisait l’Écriture sainte, examinait soigneusement tous les livres chrétiens, et disait en secret à un ami chrétien qu’il avait, nommé Simplicien : — Sachez que je suis déjà chrétien. Simplicien répondait : — Je n’en croirai rien, que je ne vous voie dans l’église. Victorin se moquait de lui en disant : — Sont-ce les murailles qui font les chrétiens ? Ils se redirent souvent la même chose de part et d’autre : car Victorin craignait de choquer des amis puissants qu’il avait parmi les idolâtres. Enfin, s’étant fortifié par la lecture, il eut peur que Jésus-Christ ne le renonçât devant les saints anges, s’il craignait de le confesser devant les hommes ; il vint