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siècles l’esprit humain, qui n’a pas cessé de le tourmenter ; il s’agissait de conclure un traité qui semble n’avoir jamais été définitif, tant il a fallu le recommencer et tant nous le voyons encore se débattre dans les temps où nous sommes ! Il y avait à résoudre ces questions immortelles des rapports de la science et de la foi, de l’alliance de l’Évangile et de la littérature profane, de la concordance de la religion et de la philosophie. Ces questions, qui sont encore posées tous les jours, étaient aussi, et autant que jamais, celles des siècles où nous entrons.

Mais ce qui les rendait bien autrement obscures et périlleuses au cinquième siècle, c’est que les écoles étaient profondément païennes. Nous savons en effet tout ce que le syncrétisme alexandrin avait tenté pour réunir et confondre la religion et les lettres ; nous savons que, sous l’influence de ces doctrines alexandrines, la poésie était redevenue un culte, un moyen de populariser la croyance aux faux dieux, l’éloquence était devenue une prédication, la philosophie une théologie : ainsi, tandis que Claudien reproduisait dans ses vers l’histoire de l’enlèvement de Proserpine, et faisait pénétrer de force tous les dieux du paganisme dans le conseil des princes chrétiens, en même temps le rhéteur Acacius écrit à Libanius, avec un accent de triomphe, qu’il a prêché dans le temple d’Esculape, qu’il a fait cette innovation de louer les dieux dans un discours en prose prononcé en présence des païens, non sans oublier d’injurier les chrétiens, dont le voi-