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théorie musicale, elle ne sépare point l’art du chant de l’art de la parole, et réunit les secrets de l’harmonie avec les règles de la versification.

Ce livre est l’encyclopédie de l’antiquité ; elle avait cherché à réduire les sciences à un certain nombre, et ce nombre de sept lui avait plu. Longtemps le monde ancien n’avait pas songé à rassembler ses richesses dans un étroit espace ; il fallait que la société, poussée dans des voies menaçantes par tous les périls des temps, fît comme le voyageur qui resserre son trésor, afin de ne rien perdre en chemin. Tout cet appareil mythologique dont la science est enveloppée la sauvera et la popularisera. J’ai déjà dit, en effet, cette passion des barbares pour la mythologie, et on comprend combien ces peuples devaient naturellement ouvrir des oreilles curieuses aux récits nouveaux, aux fables nouvelles que leur contaient les Romains, aux mythes gracieux des grammairiens et des littérateurs. Les Noces de Mercure et de la Philologie feront les délices des Gaulois et des Germains ; ils voudront les avoir brodées sur leurs ornements d’église et sur les selles de leurs chevaux. Et ceci laisse à penser comme ils eussent été gagnés facilement au culte des faux dieux si la Providence ne les eût poussés vers d’autres temples et vers d’autres prêtres. Rien donc n’était plus propre à les charmer que cet ensemble mythologique dont Martianus avait enveloppé le sujet ingrat de son poëme, et, d’autre part, ces vers formaient comme une mnémonique naturelle qui gravait plus profondément dans les esprits ce qu’il