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nuages ; mais ces nuages se fondirent, et la radieuse image du poëte parut si lumineuse et si belle, que la postérité la prit pour celle d’un dieu : Virgile était honoré dans le laraire d’Alexandre Sévère comme une divinité ; son nom, déjà à cette époque, était inscrit dans les fastes ; le jour de sa naissance, la veille des ides d’octobre, était marqué et honoré comme le jour de la naissance d’un empereur ; en même temps, les femmes de Mantoue se racontaient le songe merveilleux de sa mère, le laurier qu’elle avait vu pousser, et, lorsqu’elles étaient près d’enfanter, elles allaient en pèlerinage à l’oratoire du poëte et y portaient des offrandes votives. Aussi son nom grandissait de jour en jour, et c’est autour de lui que désormais vont se concentrer les efforts des scoliastes romains. Je pourrais nommer Donatus, Servius, Charisius, Diomède et bien d’autres ; mais celui que le moyen âge conservera, qui arrivera jusqu’à nous, ce sera Servius, Servius qui comme Macrobe, voit dans Virgile non-seulement un poëte, mais un orateur, un philosophe, un théologien, et qui trouve le sixième livre de l’Énéide si rempli d’enseignements divers, qu’il ne s’étonne pas que des écrivains aient déjà composé sur ce livre des traités entiers.

Il faut néanmoins que tout cet enseignement des anciens, que tout ce travail grammatical se concentre et aboutisse ; jamais, en effet, une activité grammaticale plus prodigieuse ne s’est montrée à Rome qu’en ce siècle ; et c’est ce qui annonçait sa fin prochaine : il sem-