Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/302

Cette page a été validée par deux contributeurs.

intérêt, pères de famille, de retenir vos enfants près de vous. Quoi de plus consolant, de plus économique, de plus rassurant pour les mœurs ? Est-il donc si difficile de réunir des fonds pour engager des maîtres ? Moi qui n’ai pas d’enfants, je suis prêt, pour l’amour de cette cité que je regarde comme une fille ou comme une mère, à prendre à ma charge le tiers de la somme. Je promettrais tout, si je ne craignais que ce présent ne fût dangereux comme il arrive en plusieurs endroits où les professeurs sont payés sur les fonds publics. Ceux qui usent négligemment des deniers d’autrui veilleront aux leurs, et prendront soin que l’argent s’il vient d’eux, ne tombe pas en des mains indignes. Que vos enfants, élevés au lieu où ils naquirent, apprennent de bonne heure à aimer le sol natal, et puissiez-vous attirer des professeurs si célèbres, qu’un jour les villes voisines envoient leurs fils à vos écoles[1] ! »

Il ne se peut rien de plus moderne, de plus judicieux, de plus bienveillant ; on se croirait transporté à des époques bien plus voisines de nous ; on ne voit pas cependant que l’antiquité ait ouvert des écoles d’esclaves et que cette pensée d’universalité de bienfaits littéraires soit entrée dans son esprit.

Arrivons aux empereurs chrétiens. Constantin, loin de vouloir éteindre la lumière antique, se fait le protecteur des lettres et le bienfaiteur de l’enseignement

  1. Plin. Jun., l. IV, ep. XIII.