Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cent, mais vainement ; à ce point que, sous Charlemagne, les artistes employaient tout leur temps à représenter Actéon, Atys, Bellérophon : ainsi la Fable est partout triomphante. Un peu plus tard, dans les descriptions qu’on nous fait des palais et de leurs mosaïques, on nous avertit que dans la pièce principale nous verrons figuré l’Amour décochant ses flèches, et autour de lui les belles dames de l’antiquité qu’il avait atteintes. Dans les fêtes de Florence, des bandes de jeunes gens parcourent la ville ; le plus beau marche en tête et s’appelle l’Amour. Nous savons aussi que dans les noces, au moyen âge, on avait coutume de représenter de petits drames ou pièces pastorales dans lesquelles apparaissait l’Amour qui perçait de ses flèches les dames présentes. Le premier poëme dramatique espagnol, qui, est de Rodrigo de Cota (1470), n’est qu’un dialogue entre un vieillard et l’Amour.

Voilà la mythologie dans les mœurs et dans les arts : jugez si elle ne devait pas passer dans la poésie, et si nous devrons être étonnés de trouver les barbares composant des œuvres toutes païennes, et de les voir donner, au septième et au huitième siècle, dans toutes les impuretés de Catulle ; les fables d’Ovide seront traduites et versifiées ; j’ai même trouvé à Saint-Gall une complainte d’Œdipe, complainte rimée comme les chants d’église et annotée de telle sorte que la musique est jointe au texte, ce qui fait voir que c’était l’œuvre[1]

  1. Voir les notes à la fin de la leçon.