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velle et barbare. Le farceur réplique à Térence en lui disant : «  Je vaux mieux que toi, tu as vieilli, je suis jeune, tu n’es qu’un vieux tronc desséché, et moi un arbre vert. » Térence lui demande quels sont ses fruits, les deux interlocuteurs s’injurient, ils en sont aux menaces, et il est très-heureux que le fragment s’interrompe, car ils vont en venir aux coups[1].

En 680, un concile de Rome interdit aux évêques d’assister aux spectacles de mimes. Plus tard, une lettre d’Alcuin exhorte un certain nombre d’abbés, prêtres comme lui, à s’abstenir des représentations théâtrales. Au onzième siècle, aux noces de Béatrix, mère de la comtesse Mathilde, on voit encore les mimes venir représenter des jeux à la manière des anciens. Un peu plus tard, Vital de Blois compose deux comédies : l’une est intitulée Geta ; l’autre, c’est l’Amphitryon. Ainsi on représentait l’Amphitryon pour les hommes du douzième siècle, comme Molière le fera encore repasser sous les yeux de la cour grave et savante de Louis XIV. Tant on a de peine à tuer cette vivace antiquité qui revient dans tous les siècles, non pas seulement dans les siècles de la renaissance, mais dans les siècles les plus chastes, les plus sévères, les plus éloignés du goût des anciens !

En effet, la mythologie n’est pas, comme on l’a cru longtemps, une résurrection posthume, un prodige de la renaissance, un effort pour faire rentrer dans la lit-

  1. V. Biblioth. de l’École des Chartes, 1o série, t. i, p. 517.