Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/278

Cette page a été validée par deux contributeurs.

en un mot, qui mettront tout en vers latins, hormis la poésie.

Par la recherche excessive de la forme : alors tout est sacrifié aux soins minutieux des détails, à la culture, à l’entretien, à la végétation d’une phrase heureuse, qui est tout entière dans un mot que l’on place comme un germe, qui se développe, qui grandit, qu’on arrose, qu’on échauffe, et qui finit par étaler son verdoyant feuillage sur l’assemblée charmée.

Voilà les procédés de Claudien, voilà comment il s’efforcera de se montrer le plus érudit des anciens. Tout son art consiste à détacher des phrases, à arrondir des périodes, à aiguiser des traits qu’on retienne, à terminer des tirades qu’on apprenne par cœur ; tandis que peu de gens savent des morceaux détachés de l’Énéide et de l’Iliade, parce qu’il faudrait tout savoir ; mais ceux qui ont entendu Claudien n’oublieront jamais le début de son poëme contre Rufin :

Sæpe mihi dubiam traxit sententia mentem
Curarent superi terras, an nullus inesset
Rector, et incerto fluerent mortalia casu.


Je vous fais grâce des trente vers qui suivent, où il développe longuement la thèse stoïcienne, et qui aboutissent à ce dernier vers, auquel il fallait arriver à tout prix :

 Abstullit hunc primura Rufini pœna tumultum
Absolvitque deos[1].

  1. In Rufinum, lib. I, v. l-21.