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toutes parts le palais sacré se voit environné de temples ! Quelle garde font autour de lui les dieux ! En face, je contemple le sanctuaire de Jupiter et les géants précipités de la roche Tarpéienne, et les portes ciselées, et les statues qui s’élancent dans les nuages, et les édifices sacrés dont les toits pressés obscurcissent le ciel. J’aperçois les colonnes revêtues de nombreuses poupes d’airain, et les arcs innombrables chargés de dépouilles. Prince vénéré, ne reconnais-tu point tes pénates ? »

Agnoscisne tuos, princeps venerande, penates[1]  ?

Il y avait assurément plus que l’imagination, plus qu’une vaine pompe dans ces vers ; il y avait une leçon, qui ne manquait pas de hardiesse, au prince déserteur de Rome et réfugié dans Ravenne ; ce n’était pas sans quelque témérité que Claudien le rappelait à venir habiter ces pénates païens du mont Palatin, ce lieu tout gardé encore par les sentinelles divines dont il était entouré.

Mais ce qui explique cette audace inaccoutumée du poëte, ce qui rend raison de son courage, c’est un sentiment excellent de patriotisme romain poussé à un degré singulier par cet homme né cependant à Alexandrie : c’est là une preuve de cette unité profonde dont Rome avait marqué toutes les nations réunies à son empire ; Claudien s’assimile toute l’antiquité romaine, il est pénétré de tout l’héroïsme latin et il remplit ses

  1. Claud., de Sexto Cons. Honorii, v. 39-55.