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traitait comme il eût traité Auguste et sa cour, avec un langage plein d’encens idolâtrique ; il les enveloppait, comme d’un nuage, des parfums du sacrifice, et leur imposait comme une sorte de complicité païenne dont ils n’étaient pas maîtres de se dégager. Avait-il à louer Théodose, il le représentait, après avoir donné ses derniers conseils à Stilicon, prenant son vol vers le ciel, comme autrefois Romulus, traversant la voie lactée, écartant à droite et à gauche les ombres qui se pressent respectueusement sur son passage, laissant loin derrière lui Apollon, Mercure, Jupiter, et allant prendre la place la plus haute au sommet de l’Empyrée, tandis que son étoile se levait sur l’Empire d’Orient pour considérer encore son fils Arcadius, et se couchait à regret dans l’Empire d’Occident où régnait Honorius. Voilà comment dans ce siècle le poëte fait l’apothéose des plus grands défenseurs, des serviteurs couronnés du christianisme. Lorsqu’il s’adresse au jeune Honorius, sa liberté est plus grande, il craint moins encore : il n’hésite pas, lorsqu’il est question du mariage de l’empereur avec Marie, à représenter l’Amour et le jeune Cupidon venant percer de ses flèches le cœur du prince et allant se vanter de ses exploits à Vénus dans le beau palais de Chypre, qu’elle occupe et dont il fait une pompeuse description. La déesse, emportée par un triton, traverse les mers ; elle arrive à Ravenne, pénétre dans la demeure des jeunes mariés et les trouve occupés à lire les poëtes anciens, les odes de Sapho, dont les païens interdisaient la lecture à leurs filles : ce