taines où nous voyons les phalanges se combattre dans les plaines du ciel ; de même, au-dessus de ces combats de la terre, se livre la grande bataille entre le paganisme et le christianisme, et personne encore, s’il n’était éclairé par un principe chrétien, ne pouvait dire, au lendemain de la mort de Julien, lequel des deux serait vainqueur ; ici, comme dans l’Iliade, il s’agit d’une querelle séculaire, non plus seulement entre l’Orient et l’Occident, entre le Nord et le Midi, mais entre les deux moitiés du genre humain, et, dans cette lutte, on aurait pu nous montrer les immortels au plus fort de la mêlée, descendant de leurs nuages pour combattre au grand jour. Mais le poëte manqua, ou plutôt le poëte vint et se trompa.
Le poëte du cinquième siècle fut Claudien, né à Alexandrie, dans cette ville savante qu’il a célébrée avec amour, vantant ce ciel de l’Égypte sous lequel le laboureur n’appelle jamais de ses vœux les nuages, servi qu’il est par les eaux du Nil ; il chante avec passion cette cité où l’antiquité avait rassemblé, en quelque sorte, tout son savoir, où avaient paru Callimaque, Apollonius, à l’école desquels Virgile et Horace n’avaient pas dédaigné d’étudier ; c’est aussi sous leur influence qu’il s’est formé et qu’il a grandi. Lorsqu’en 395 il paraît à Rome, dans la ville païenne, il est aussitôt entouré d’hommages universels, les partisans de l’ancien culte sont au comble de la joie d’entendre ce jeune homme savant et inspiré faire revivre tous leurs dieux au moment où on leur déclare que leurs dieux s’en vont ; l’ad-