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ne devait pas revivre et se faire entendre au delà de l’enceinte de ces tribunaux.

Favorisée par les libéralités de Constantin, la poésie retrouva des inspirations que, depuis bientôt trois cents ans, elle ne connaissait plus.

Le cinquième siècle, qui semble n’offrir d’abord que des intrigues de palais et des querelles d’eunuques, était cependant le siècle le plus épique, le plus capable d’inspirer un grand poëme. Rome avait toujours aimé ces chants héroïques qui célébraient la gloire de ses grands hommes, qui faisaient revivre le souvenir de son illustration militaire ; il lui avait fallu un genre de poëme que la Grèce avait connu, mais qu’elle n’avait pas préféré : au lieu d’une épopée mythologique, Rome avait affecté la forme historique ; depuis les Annales d’Ennius jusqu’à la Pharsale de Lucain, jusqu’à la Guerre punique de Silius Italicus, on la voit s’attacher de préférence à ces poëtes qui suivent de près son histoire et lui racontent ses actions dans un langage digne d’elle. Au temps où nous sommes, la scène s’est bien agrandie, le combat est devenu bien plus terrible, les barbares sont aux portes de l’Empire, mais toujours vaincus, toujours repoussés par les aigles de Constantin, par l’épée de Julien, par le génie et la fermeté de Théodose, et nul ne peut dire de quel côté penchera la balance que les destins semblent soutenir d’une main égale. Mais une autre guerre plus grande existe et se perpétue, et, de même que le poëte nous a fait assister, bien au-dessus des remparts de Troie, à des luttes loin-