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s’il lui a fait avec un dard une blessure mortelle ; s’il le suspend à un lacet, si par un ordre barbare il l’a fait précipiter dans un gouffre, s’il lui a fait boire du poison, s’il lui a fait déchirer le corps par des bêtes féroces, ou sillonner sa chair avec des charbons ardents, ou si dans des tourments affreux il a forcé la vie d’abandonner des membres tout couverts de sang et d’écume, avec une férocité digne des barbares. » Cette loi, qui porte la date de l’an 319, est éloquente ; elle exprime bien toute l’horreur de l’esclavage et toute l’indignation du christianisme, qui, arrivé à revêtir un moment la pourpre impériale, s’empresse aussitôt de faire pour premier acte une loi en faveur de l’humanité réduite en esclavage[1].

Ainsi le code théodosien remédie à trois vices du paganisme, à ce triple outrage fait si longtemps à la liberté, à la vérité et à l’humanité par toutes les horreurs de l’esclavage et toutes les inégalités de la famille. Je ne suis plus étonné après cela que le code théodosien ait été salué, dans les assemblées du sénat, de tant de magnifiques acclamations après que le préfet de Rome et les consuls eurent donné lecture de la constitution qui inaugurait ce code dans tout l’Empire[2]. Il est très-frappant que le dernier procès-

  1. Cod. Just., IX, 14 ; de Emendatione servorum, Cod. Theod., l. IX, tit. XII, c. 1.
  2. Acclamations du sénat : « Augustes, Dieu vous conserve (27 fois) ; vous avez écarté toute ambiguïté des constitutions (25 fois) ; vous travaillez à la justice publique, vous travaillez à notre paix (25 fois) ; de vous nous tenons nos honneurs, nos patrimoines, tous nos biens (28 fois) ; épargnez à ce code le danger des interpolations (25 fois). »