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forum, le sénat, l’armée, comment croire qu’ils n’agissent pas sur la philosophie stoïcienne et par là sur les jurisconsultes ? Lorsque je les vois admis dans les conseils d’Alexandre Sévère, qui adore dans son laraire l’image du Christ et qui fait inscrire en lettres d’or dans son palais les maximes chrétiennes, je ne comprendrais pas que l’on niât l’influence du culte nouveau. On a dit que les jurisconsultes étaient trop ennemis des chrétiens pour se faire leurs plagiaires : comme si la dernière ressource d’un ennemi aux abois n’était pas précisément le plagiat, ne consistait pas à désarmer une vérité que l’on déteste en lui empruntant tout ce qu’elle a de bienfaisant, tout ce qui lui attire les cœurs. N’est-ce pas ainsi que Julien l’entendait lorsqu’il disait aux païens qui l’entouraient : Imitez les prêtres chrétiens, ouvrez des hôpitaux ! Pourquoi les jurisconsultes n’auraient-ils pas fait de même ? Ils voulaient désarmer le christianisme en le faisant passer dans la loi romaine, afin qu’il n’y eût pas de raison apparente pour réformer une société qui admettait des progrès si légitimes et pour détruire une religion qui tolérait des réformes si bienfaisantes.

Lorsque le christianisme monte sur le trône avec Constantin, on croirait qu’il y va beaucoup exiger : cependant, loin de prendre possession de l’empire en vainqueur, il continue à procéder avec sa lenteur accoutumée. Constantin avait encore bien des ménagements à garder ; ainsi il resta souverain pontife et rendit même des rescrits sur la manière de consulter les