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tôt qu’aux hommes, mais en même temps il prie pour ceux qui le persécutent.

Enfin il repoussait toutes les fictions du paganisme ; il voulait la réforme d’un droit réservé à un petit nombre de jurisconsultes et forcément caché au vulgaire ; mais il ne faisait pas profession de mépriser les lois romaines, et l’on retrouve dans les constitutions apostoliques cette déclaration : « Dieu n’a pas voulu que sa justice fût manifestée pour nous seuls, mais qu’elle resplendît aussi dans les lois romaines. » Saint Augustin dit : « Leges Romanorum divinitus per ora principum emanarunt. » Ainsi le christianisme acceptait les lois romaines et les admirait, il y reconnaissait cette lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde, pour qu’il connaisse Dieu et l’adore. Avec ces dispositions et la patience dont il était pourvu, il était impossible que le christianisme ne travaillât pas à la réforme de cette législation dont nous avons vu l’énormité et les crimes. De bien bonne heure on commence à apercevoir, à soupçonner sa présence ; mais ce n’est pas le lieu de montrer comment cette société nouvelle travailla dans ses catacombes, au-dessous d’une société qu’elle parvint à corriger malgré elle ; comment dans tous les rangs de la vie publique et civile, dans le sénat comme dans les derniers ergastules, elle sut se faire des disciples, tempérer, éclairer et modifier les mœurs présentes. On a montré, avant moi, comment saint Paul, par ses discours à l’Aréopage, par ses disputes avec les stoïciens et les épicuriens, par l’apologie qu’il pro-