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suffisance du droit primitif. Puis les empereurs, s’entourant de toutes les lumières, réunissant autour d’eux les Gaïus, les Ulpien, les Paul, tout ce que la philosophie stoïcienne commence à éclairer de ses rayons, appuieront de leur autorité, non seulement à Rome, mais dans tout l’empire, ces efforts de la raison humaine, développeront et consacreront un nouveau droit dans lequel on voit opposé au droit civil le droit des gens ; à la famille civile qui ne se compose que des agnats, c’est-à-dire des parents qui tiennent l’un à l’autre par le sexe masculin, la famille naturelle (cognatio) qui comprend même ceux qui ne sont unis entre eux que par les femmes ; à la propriété quiritaire la propriété de droit naturel qu’on nomme in bonis ; aux successions légitimes telles que les avait établies la loi des Douze Tables, les possessions de biens auxquelles seront appelés tous ceux à qui la nature a donné le même auteur.

Voilà l’effort de plusieurs siècles, voilà ce qu’a pu le cri de la conscience poussé par la plèbe romaine, et, en second lieu, le secours de la philosophie représentée par les jurisconsultes stoïciens. C’est là un des plus grands spectacles que la raison puisse se donner à elle-même. Ce n’est pas seulement le triomphe de la lumière sur l’obscurité ; il n’y a pas seulement, dans cette jurisprudence des Antonins, un admirable bon sens, une singulière lucidité de pensée, une rigueur parfaite de formes, une architecture qui distribue avec un bonheur inouï l’espace, l’ordre et la clarté dans le