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vêtu de la puissance proconsulaire, et étendant ses regards sur ces provinces dont il devient le défenseur naturel et inévitable. Aussi, après bien des résistances et bien des concessions partielles, Caracalla fera tomber toutes les barrières et poussera Rome à l’accomplissement de sa définitive destinée, en la proclamant patrie commune et en déclarant qu’à l’avenir l’empire compterait autant de citoyens qu’il avait de sujets[1].

Voilà l’histoire de cet affranchissement de la plèbe et des provinces de tout l’Occident européen ; mais, en même temps que les peuples et les hommes pénètrent dans cette enceinte si énergiquement, si opiniâtrément défendue, il faut aussi que la justice y trouve place, et c’est ce qui va arriver par l’effort du préteur.

Chaque année ce magistrat, à son entrée en fonctions, proclamait un édit où il exposait les principes d’après lesquels il rendrait la justice. Cette vieille loi de fer des Douze Tables était interprétée par le préteur avec équité et clémence, il suppléait à ses lacunes, il en éclairait l’obscurité et en adoucissait les rigueurs. Telle est l’origine de cette lutte admirable engagée par le magistrat contre le texte qu’il est contraint d’appliquer, dont il regrette la sévérité, dont il subit l’autorité, mais dont il finira par émousser le glaive. En même temps le préteur et les jurisconsultes, qui ont, eux aussi, le droit d’atténuer la rigueur des principes, créeront les Actions utiles dans le but de suppléer à l’in-

  1. Dig., l. I, tit. V, de Statu hominum.