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l’apothéose de l’homme et la réhabilitation de la chair. En même temps l’antique erreur domine encore l’Asie, l’Afrique et la moitié des îles de l’Océan, elle s’y maintient armée et menaçante ; elle fait des martyrs au Tonquin et en Chine, comme elle en faisait à Rome et à Nicomédie ; elle dispute à l’Évangile six cents millions d’âmes immortelles.

Un homme célèbre, qui a laissé de justes regrets, mais qui s’est trompé souvent, a écrit « comment les dogmes finissent. » Après l’étude que nous venons de faire, nous commençons à comprendre que les dogmes ne finissent pas. Sous des formes diverses, l’humanité n’a connu que deux dogmes, celui du vrai Dieu, et celui des faux dieux : les faux dieux qui sont maîtres des cœurs païens et des sociétés païennes, le vrai Dieu dont l’idée s’est levée des montagnes de Judée pour éclairer premièrement l’Europe, et ensuite de proche en proche le reste de la terre. La lutte de ces deux dogmes explique toute l’histoire, elle en fait l’intérêt et la grandeur ; car il n’y a rien de plus grand et de plus touchant pour le genre humain que d’être le prix du combat entre l’erreur et la vérité.