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décrites et flétries par les anciens. Telles sont « ces images abominables qn’on nomme babyloniennes, qui tiennent au culte de Vénus, et les images de Bélénus et d’Hermès, qu’on exorcise par les noms de cinquante-quatre démons attachés au service de la lune. On y inscrit sept noms en ordre direct pour obtenir un événement heureux, et sept noms en ordre inverse pour éloigner un événement funeste. Or on les encense au premier cas avec de l’aloès et du baume, au second avec de la résine et du bois de sandal[1]. »

Voilà ce que pouvait encore l’erreur au temps de saint Louis et de saint Thomas d’Aquin. Les théologiens épuisèrent leurs arguments, Dante marqua au plus profond de son enfer la place des magiciens et des astrologues. Les sciences occultes continuèrent de fasciner les hommes jusqu’au moment où elles parurent s’évanouir à la grande lumière du dix-septième siècle. Mais le paganisme ne s’évanouit point avec elles, il se réfugia au fond des mauvais instincts de la nature humaine : il continua d’y bouillonner comme la lave d’un volcan, dont les éruptions devaient effrayer plus d’une fois encore le fond chrétien. Non, le paganisme n’est pas éteint dans les cœurs tant qu’y règnent la peur de Dieu et l’attrait voluptueux de la nature. Le paganisme n’est pas étouffé dans l’école, tant que le panthéisme s’y défend, tant que des sectes nouvelles annoncent

  1. Albert le Grand, Oper., l. V. Speculum astronom., in quo de libris licitis et illicitis pertractatur, cap. xi.