on y voit même des païens de profession, et les écrivains de ce temps combattent encore les faux savants, « qui se vantent d’étendre les découvertes de leurs devanciers, mais qui sont rattachés aux mêmes erreurs. » Cependant ces dernières étincelles devaient se perdre dans l’obscurité des temps barbares. C’est au milieu de la Renaissance carlovingienne qu’un théologien profond, un élève des écoles monastiques d’Irlande, Jean Scot Érigène, vint professer avec beaucoup de force et d’éclat une philosophie tout imprégnée d’opinions alexandrines. Il en tempérait les excès par des contradictions qui sauvaient son orthodoxie, mais qui ne satisfirent pas la logique de ses successeurs. Trois cents ans plus tard, Amaury de Bène et David de Dinand enseignèrent publiquement le panthéisme, l’unité de toute substance, l’identité de l’esprit et de la matière, de Dieu et de la nature[1]. L’Église comprit la grandeur du péril : la secte nouvelle tomba sous les foudres des docteurs et des conciles. Mais le principe panthéiste ne périt point, il se retira parmi les disciples d’Averrhoës pour reparaître un jour, plus menaçant que jamais, avec Giordano Bruno et Spinosa.
Pendant qu’une fausse métaphysique ramenait plusieurs esprits à l’antiquité païenne, un plus grand nombre y retournait par les sciences occultes. Ici nous
- ↑ Saint Ouen, Præfatio ad vitam sancti Eligii. Prologus ad vitam sancti Maximini Miciacensis, apud Mabillon, Acta SS. 0. S. B. 1, 581. Jean Scot, de Divisione nature. Sur Amaury de Bène et David de Dinand, Martin. Polon. Chronic., lib. IV, S. Thomas in secund. Sentent., dis. XVII quæst.