vaient faire le siége d’une âme païenne, la presser par toutes les violences de la tendresse, et ne compter pour rien le temps consumé, quand le vaincu se laissait conduire à l’autel du Christ. C’est à peu près le tableau que nous montre saint Jérôme quand il nous introduit dans la maison d’Albinus, patricien et pontife des anciens dieux. Læta, fille de ce païen, était chrétienne ; et d’un époux chrétien elle avait eu la jeune Paula, dont l’éducation occupait saint Jérôme au fond de son désert. Il écrit donc à Læta : « Qui aurait cru que la petite-fille du pontife Albinus naîtrait d’un vœu fait au tombeau d’un martyr, que son aïeul sourirait un jour en l’entendant bégayer le cantique du Christ, et que ce vieillard nourrirait sur ses genoux une vierge du Seigneur ? » Puis avec une touchante bonté, consolant les craintes de Læta : « Une sainte et fidèle maison sanctifie, dit-il, l’infidèle resté seul de son parti. Il est déjà le candidat de la foi celui qu’environne une troupe chrétienne d’enfants et de petits-enfants. Læta, ma très-religieuse fille en Jésus-Christ, que ceci soit dit afin que vous ne désespériez pas du salut de votre père. » Enfin il joint aux encouragements les conseils ; il entre dans le complot domestique, il dirige la dernière attaque contre laquelle l’obstination du vieillard ne tiendra pas : « Que votre jeune enfant, quand elle apercevra son aïeul, se jette dans son sein, qu’elle se suspende à son cou, et lui chante l’alleluia malgré lui[1].
- ↑ S. Jérôme, Epist. 107, ad Lætam : « Quis hoc crederet ut Albini