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dépouillé le paganisme de ses prestiges, ils le présentaient aux yeux des peuples nu, souillé, sanglant, dans toute l’horreur de ses rites immondes et de ses rites homicides. Au lieu de ménagements qui plaisent à notre délicatesse moderne, au lieu de diminuer le crime de l’idolâtrie en l’expliquant par une erreur nécessaire, les apologistes soulevaient les consciences contre ce culte détestable en y montrant l’œuvre du démon et le reflet de l’enfer. Cette argumentation, charitable pour la raison humaine, sans pitié pour le paganisme, passa, tout entière dans les écrits de saint Augustin[1].

L’évêque d’Hippone était devenu la lumière de l’Église universelle ; l’Asie et la Gaule le pressaient de questions ; les Manichéens, les Donatistes, les Pélagiens ne lui laissaient pas de repos. Cependant la controverse contre les païens remplit sa vie, déborde dans sa correspondance, et lui inspire le plus grand de ses ouvrages. En 412, un homme de naissance illustre, mais attaché à l’ancienne religion, Volusien, gouvernait l’Afrique. Il se sentait attiré à l’Évangile par le génie d’Augustin, mais l’exemple d’un grand nombre d’idolâtres le ramenait aux superstitions. Un jour qu’il se délassait des affaires dans la conversation de quelques lettrés, après avoir touché plusieurs points de philosophie, et déploré les contradictions des sectes, on traita

  1. S. Justin., Apolog. 1 et 2. Minutius Felix, Octavius, 19 : « Recenseamus, si placet, disciplinas philosophorum, deprehendes eos, et si sermonibus variis, ipsis tamen rebus in hanc unam coire et conspirare sententiam. »