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Mais l’ennemi était aux portes ; l’heure approchait où les doctrines, descendues d’école en école jusque dans le sénat romain, allaient subir leur dernière épreuve en présence des barbares. On allait voir ce que pourrait le paganisme philosophe pour sauver un empire ou du moins pour honorer sa chute.

En 408, Alaric se présenta devant Rome, et, du temple de Jupiter Capitolin, on put découvrir la fumée du camp ennemi. En ce danger le sénat se rassemble ; il délibère, et son premier acte est de faire mourir Serena, la veuve de Stilicon, la nièce de Théodose. Les dieux voulaient cette victime ; car on disait que la sacrilége chrétienne, étant un jour entrée dans le temple de Cybèle, avait enlevé le collier de l’idole. Serena fut étranglée selon la coutume des ancêtres, more majorum ; mais ce dernier sacrifice humain ne sauva pas la patrie. Alaric voulait tout l’or, tout l’argent, tous les meubles précieux de la ville et ne laisser aux Romains que leurs vies déshonorées. Alors le préfet Pompeianus fit appeler des prêtres étrusques qui se vantaient d’avoir délivré, par leurs conjurations, la petite ville de Nurcia. Ils promirent de faire tomber le feu du ciel sur les barbares ; mais il fallait que des sacrifices publics fussent offerts aux frais du trésor, en présence du sénat, avec toute la pompe des siècles passés. On craignit d’enfreindre si manifestement les édits des empereurs, et en même temps, Alaric réduisant ses conditions, la rançon de Rome fut fixée à 6 000 livres d’or et 50 000 d’argent. Les familles patriciennes s’imposèrent. Ce-